Le Conseil Municipal du 22 décembre 2021 et plus encore le Conseil Intercommunal du 13 décembre auront été les derniers de la vague Delta, et en l’absence du Président Sohler, lui-même touché par le Covid-19, tous les membres de ces deux assemblées ont siégé scrupuleusement masqués ; cependant, force est de constater que certain(e)s ont tombé le masque, révélant des vérités plus ou moins déguisées, et annonçant d’autres vagues au sein de notre collectivité.
Tous pour Macron !
Premier masque qui tombe : celui du positionnement politique. Jusque là bien abrités par la bannière de la « Majorité Alsacienne » (Appellation d’Origine Hypocrite), 12 élus de la municipalité de Sélestat annoncent rejoindre le Comité de soutien d’Emmanuel Macron, soit 50 % du groupe ! Ça a le mérite de la clarté. Nos concitoyens apprécieront ce virage opportuniste qui inscrit Sélestat dans le fief de la Macronie, à l’insu des électeurs… Mais qui parle de démocratie quand il s’agit de faire allégeance ? Sélestat , Cité Féodale 🙄.
Une procuration qui change de ville… et de camp ?
Présidée par Charles Andréa, maire de Dieffenthal, la séance du Conseil intercommunal commence par l’annonce des absents et des procurations. C’est ainsi que l’assemblée découvre que la Vice-Présidente Sélestadienne, Clothilde Szuptar, a confié sa procuration, non pas au maire de Sélestat (pour une fois présent!), mais à la Maire de Baldenheim, Virginie Muhr… Question de sororité, ou question de confiance ?
La suite apportera la réponse…
« Sélestat vote contre !«
Au Conseil Communautaire, trois délibérations concernaient la Maison de la Nature et du Ried.
- Il s’agissait d’une part de soutenir financièrement sa remarquable manifestation des « Ateliers de la Transition » , et
- de renouveler sa convention pluriannuelle avec l’Office du Tourisme pour la réalisation d’un programme d’animation écotoursitique.
- Une troisième délibération concernait l‘exonération de 4 mois de loyers pour le dernier trimestre 2021, en raison des annulations de séjours imposées par les mesures sanitaires. Montant concerné : 5 000 €.
Exceptionnellement présent, le Maire de Sélestat a pris la parole pour critiquer la gestion de cette structure. En réponse à cette intervention, Patrick Barbier a signalé que sur les neuf Centres d’Initiation à la Nature et à l’Environnement (CINE) que compte l’Alsace, la Maison de la Nature est celui dont le budget est le plus abondé par ses propres recettes. Mais le fait est que Marcel Bauer n’a jamais considéré la Maison de la Nature comme un partenaire qui contribue au rayonnement de notre territoire, au même titre que l’Office du Tourisme. Et dans un accès d’autorité, il a proclamé : « Sélestat vote CONTRE !« .
De son siège de vice-président, Denis Digel a immédiatement rétorqué « Enfin, pas tout Sélestat ! Avec mon groupe, nous allons voter Pour. » Bertrand GAUDIN, qui venait d’être élu Président de l’association qui gère la Maison de la Nature avait annoncé qu’il ne prendrait part ni au vote, ni au débat. Le moment du vote a donc été attendu avec intérêt puisqu’il allait révéler ce qui se cache derrière les masques.
Le soutien à la Maison de la Nature a onc été rejeté par la clan Bauer, mais SANS les voix des 2 vice-présidents sélestadiens (Robert Engel et Stéphane Romy) et sans la voix de la vice-Présidente Clothilde Szuptar, puisque Virginie Muhr, qui disposait de sa procuration, a approuvé le soutien à la Maison de la Nature. Total : 12 voix CONTRE et 34 voix POUR.
Ainsi, quand Marcel Bauer affirme des choses au nom de Sélestat, il faut qu’il mesure ce que représentent ses prises de positions. En l’occurrence, il n’est pas le seul à devoir faire preuve de plus de discernement : en effet, le positionnement CONTRE de Charles Sitzenstuhl montre qu’il n’a sûrement pas discuté de cela avec sa binôme, Catherine Greigert, qui siège au Conseil d’Administration de la Maison de la Nature, et qui y représente le partenariat fort entre la Collectivité Européenne d’Alsace et le CINE d’Alsace Centrale.
Conseil intercommunal du 13 décembre : autres points forts
Le point le plus marquant pour la collectivité aura été sa décision d’acquérir un nouvel ensemble immobilier pour y installer ses services d’ici la rentrée de septembre 2022. Le déménagement ne sera pas trop compliqué puisqu’il suffira de traverser la rue Louis Lang, et de prendre possession des anciens locaux d’Enedis. Le budget prévisionnel de l’acquisition et des transformations est estimé à 3 millions d’euros. La vente de l’actuel siège est négociée au profit de la CEA pour la somme de 2 millions environs. Il en résulte un investissement conséquent d’un million d’euros qui permettra à la CCS :
- d’améliorer l’accueil du public, notamment les familles
- de proposer des animations jeunesse dans son propre local
- de disposer d’un atelier pour le nouvel agent de maintenance
- d’optimiser les bureaux des agents
- de disposer d’une emprise foncière de 20 ares au centre-ville de Sélestat.
L’augmentation de 2% de la redevance des Ordures Ménagères a été l’autre point important qui concerne toute la collectivité. Une fois de plus, par la voix de Bertrand GAUDIN, nous sommes intervenus pour rappeler que cette redevance n’a d' »incitative » que le nom. Certes, les investissements du SMICTOM sont conséquents et permettent de suivre l’évolution du traitement des déchets, mais à l’autre bout de la chaîne, les usagers font leur part, en triant leurs déchets, en s’astreignant à la limite des levées décidée par le SMICTOM et en se rendant efficacement aux bornes d’apport volontaire. Or la « redevance incitative unique » (RIU) ne fait aucune différence entre les usagers qui se plient aux contraintes , et ceux qui ont un engagement plus vertueux dans la stricte limitation de leur production de déchet. Ce que notre groupe souhaite, c’est que ces démarches vertueuses soient reconnues et donc associées à une minoration de la redevance. Celle-ci deviendrait donc véritablement incitative et encouragerait les pratiques vertueuses en matière de déchets.
En précisant cette position, nous nous sommes donc abstenus d’approuver l’augmentation de la RIU pour 2022.
Dernier point concernant le Conseil Communautaire : il apparaît qu’en la personne de Philippe WOTLING, maire de MUSSIG et Vice-Président en charge des Ressources Humaines, les agents de la collectivité semble avoir trouvé un interlocuteur qui soit à leur écoute. C’est ce qui ressort de la mise au point du Protocole de télétravail, qui concerne une trentaine d’agents à la CCS. On compte sur lui pour poursuivre ce dialogue social et mettre rapidement sur la table le Document Unique sur les Risques Psycho-Sociaux à la CCS.
Conseil municipal du 22 décembre : le Messager…
Là aussi les masques tombent, ou révèlent une double face…
Interpellé une énième fois au sujet de la location des espaces de la Bibliothèque Humaniste, cette fois-ci, Marcel Bauer a affirmé sans artifice que lui seul décide qui peut occuper ces espaces, et à quel tarif. Dont acte.
Le Rapport Social Unique est un outil de gestion des Ressources Humaines dans les collectivités territoriales, mis en place depuis le 1er janvier 2021. Le RSU 2021 est donc une nouveauté, mais comme à chaque fois qu’il est question de ressources humaines, le débat s’est rapidement électrisé, notamment autour du mandat de l’Adjoint Eric CONRAD. Alors que Denis DIGEL annonce publiquement que son ex-collègue a été « démis de ses mandats« , l’intéressé le reprend pour clarifier les choses : c’est à sa propre demande que le maire lui a retiré une seule délégation, celle de responsable des RH. Sensible à ces questions, Sylvia HUMBRECHT, elle-même représentante du personnel dans son entreprise, s’enquiert de savoir qui est désormais en charge des RH à la Ville. « C’est moi« , lui répond le Maire. Dont acte. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Notre collègue lui rappelle tout de même les observations de la Chambre Régionale des Comptes qui a formulé pas moins de 4 rappels à la loi concernant directement la gestion RH. Nous ne sommes pas prêts de lâcher cette question en 2022…
Politique Culturelle : Message personnel de Caroline Reys
Caroline Reys a profité de la délibération portant sur l’achat public d’une oeuvre de la dernière Biennale pour délivrer son opinion sur la politique culturelle de la Ville de Sélestat depuis 20 ans :
« L’œuvre dont il est question ici s’intitule « Le Messager », aussi, permettez-moi de vous délivrer un message personnel. Tout d’abord, j’ai une lecture critique du texte de cette délibération qui à mon sens relève plus d’un prospectus touristique que d’un manifeste culturel… Mais il nous interroge sur ce que vos mandats successifs ont apporté à cette « importante politique culturelle tournée vers les arts plastiques » …
Initiée par François Kretz, la Biennale d’Art Contemporain a été prise en charge par Gilbert Estève dès sa deuxième édition ; c’est au cours de ses deux mandatures que la Ville de Sélestat a acquis une réputation internationale en matière d’Art Contemporain.
À son époque, on évaluait le succès des vernissages au nombre de bus qui venaient à Sélestat ; à cette époque, les catalogues de l’exposition étaient préfacés par les ministres de la Culture en place (de gauche et de droite !). Lors du dernier mandat de Gilbert Estève, – et vous le rappelez dans la délibération – , la ville a procédé à 3 achats publics d’œuvres. Ces engagements très audacieux – et très critiqués ! – ont contribué à l’obtention du Label Ville d’Art et d’Histoire dont ses prévaut la Ville aujourd’hui. Trois achats publics en 6 ans, soit un par Biennale, alors que depuis votre élection on en est à un par décennie.
Cette comparaison révèle à elle seule le changement de braquet en matière culturelle. Hormis de continuer ce qui était engagé avant vous, quelles ont été les marques de la politique culturelle de la Ville ces 20 dernières années ?
Certes, il y a une chose qui vous revient, c’est la dissolution de l’Office de la Culture. Voilà comment on se coupe du vivier associatif qui portait une dynamique en matière de Culture. Le mois dernier, vous vous êtes plaint du manque de concertation, et bien cette délibération me permet de rappeler que votre municipalité d’alors a mis fin au partenariat actif avec l’Office de la Culture. Vous avez délibérément remplacé les initiatives citoyennes par un service municipal sur lequel vous avez la mainmise.
Et donc, ce soir, après l’acquisition d’un tableau en 2009, vous nous soumettez l’achat d’un Cerf monumental qui « a fait l’unanimité des spectateurs » ; permettez-moi de vous dire qu’une politique culturelle ne se construit pas sur le goût des gens.
Elle ne se construit pas non plus dans les limites de ses goûts personnels ; et quand je lis que ce « cerf fantasque s’intègre notamment parfaitement dans le cadre des festivités du 500 ° anniversaire de la mention etc… » , je vous retrouve complètement, Monsieur le Maire, comme si vous aviez écrit vous-même ce passage.
Si nous avions été élu·e·s l’an dernier, nous aurions célébré le 500 ° anniversaire de la mort de Sébastian Brant. Entre les festivités organisées toute l’année à Strasbourg et à Bâle, nous aurions donné à Sélestat et à la Bibliothèque Humaniste le rayonnement légitime qu’elle aurait dû avoir dans cette célébration. Mais au lieu de célébrer la Nef des Fous, un texte exceptionnel qui a marqué toute l’Europe à la fin du 15° siècle, vous avez choisi de tout investir sur les 4 lignes d’un livre de comptes. Ceci étant dit, nous n’allons pas nous opposer à votre deuxième achat public, et nous nous réjouissons de terminer l’année sur ce cadeau fait aux Sélestadiens, aux touristes et à la postérité ! » 😉
Friche Celluloïd : on joue les prolongations… in extremis !
La Ville de Sélestat a « acquis » la friche Celluloïd en décembre 2016 via un portage par l’Etablissement Public Foncier d’Alsace (EPF). Cela signifie que l’EPF a acheté le bien à destination de la ville et lui fait payer des annuités de « portage » jusqu’à ce que la ville débourse effectivement le montant estimé pour l’acquisition, une fois qu’elle a déterminé un projet de réhabilitation de la friche. Ces frais de portage coûtent 50 000 €/an à la collectivité. La convention qui lie la Ville à l’EPF arrivait à échéance le … 22 décembre 2021, le jour-même qui Conseil ! (Est-ce pour cette raison que le conseil – qui se tient généralement le jeudi – a été avancé d’un jour ?…)
À l’occasion de cette délibération, notre groupe a rappelé son intérêt pour la friche que nous envisageons depuis décembre 2016* comme un lieu idéal pour l’aménagement d’un éco-quartier. Ce qui ne sera pas le cas.
Caroline REYS revient sur le sujet :
« De quoi parle-t-on ? Cette friche est pour certains « une verrue », pour d’autres un objet de spéculation, et pour vous, un peu des deux semble-t-il, avec un petit air de sparadrap du Capitaine Haddock dont on a du mal à se débarrasser.
Pour nous c’était un rêve, un champ des possibles en matière d’habitat innovant et participatif. La dimension de l’emprise mais surtout sa situation exceptionnelle à proximité immédiate de la Nature et de la Ville font de cet espace une source d’inspiration en matière d’aménagement urbain. Quand la Ville en a fait l’acquisition en 2016, dès la première délibération, Bertrand GAUDIN a évoqué la possibilité d’un éco-quartier, et grâce à votre lenteur, grâce aux projets avortés ou abandonnés, ce rêve était toujours possible en 2020, et nous en avons fait un projet emblématique de notre programme. Mais les électeurs en ont décidé autrement, et nous voilà devant une nouvelle délibération qui ressemble encore une fois à un raté…
En effet, on peut s’ étonner que la promesse de vente de ce terrain soit passée en Conseil Municipal alors que la révision du PLU n’avait pas encore été faite. En effet, en juillet dernier, vous avez déjà engagé ce rachat, alors que la DREAL n’avait pas encore été destinataire de la demande d’examen préalable à la réalisation d’une évaluation environnementale (Art. R 122-3 du code de l’environnement) ; où en est-on des études d’impact et des solutions éventuelles apportées par l’aménageur ?
À force d’attendre, certaines échéances arrivent à terme – on le voit bien ce soir avec une convention qui se termine aujourd’hui! – , mais surtout, de nouvelles lois viennent interférer et contraindre les projets ; comment ce projet va-t-il s’adapter à la nouvelle loi « Climat et Résilience », très contraignante en matière d’aménagement ?
Voici pour nos questions techniques, j’en viens maintenant à différentes remarques et questions sur l’absence de concertation :
Commençons par l’absence d’avis du Conseil municipal quant au choix d’aménagement de ce site : cette désignation a été faite en Bureau en 2019, avec des personnes ici présentes, mais hors public et hors avis de notre groupe. Ce dont nous prenons acte.
Concertation citoyenne, ensuite : 185 logements, cela fait près de 500 nouveaux habitants dans ce quartier et plus d’une centaine de voitures supplémentaires qui circuleront quotidiennement sur cette portion de la route de Marckolsheim. Qu’en pensent les riverains ? Est-ce que vous en avez discuté avec eux ? Et surtout, est-ce que la Ville a prévu une étude d’impact des nuisances à venir sur leur qualité de vie et sur leur santé ?
Concertation encore : Le projet prévoit l’aménagement d’un parking public en prolongement de celui de la médiathèque ; qu’en pense la Communauté de Communes ?
Dernier sujet : La chaudière biomasse avait eu notre aval, en particulier parce qu’elle permettait d’envisager l’extension d’un réseau de chaleur vers cette zone à urbaniser. Où en est l’étude de faisabilité de cette extension dont vous parliez encore en juillet dernier, Monsieur le Maire ?
L’avenant qui nous est soumis ce soir est une conséquence du retard pris dans vos projets ; cela se répercute sur le budget de la Ville à hauteur de 44 330 €. Nous n’y sommes pour rien, nous allons donc nous abstenir.
*intervention de Bertrand GAUDIN au conseil municipal du 15 décembre 2016 : « Monsieur Bertrand GAUDIN rappelle qu’il y a un an, la communauté internationale était réunie à Paris lors de la COP21 et a reconnu unanimement la gravité de la crise climatique et l’urgence à agir pour avoir une chance d’y remédier. En effet, il considère que la lutte contre le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources sera d’autant plus efficace si chaque collectivité s’y engage pleinement et rapidement, et la politique d’urbanisme est un des leviers importants de la transition écologique et énergétique. De ce fait, il estime qu’en acquérant via l’EPF plus de 3 hectares, la Ville aurait l’occasion d’initier la création d’un véritable petit éco-quartier. Or, la volonté de Sélestat de soutenir un projet allant dans ce sens n’apparaît pas dans la délibération et il espère que la municipalité ne ratera pas cette opportunité sachant en plus que la délibération concerne une entrée de ville. «
=> À cette époque, pas un seul élu n’a saisi cette proposition, y compris ceux qui mettront cette idée dans leur programme en 2020…