À défaut de pouvoir débattre des Orientations Budgétaires, on a démarré l’année municipale sur un Conseil à l’ordre du jour sans grand enjeu. Mais plusieurs décisions nous ont permis de confirmer nos divergences avec la majorité.
1 – Nouvelles têtes
Comme on s’y attendait après les démissions de Clothilde Szuptar et de Stéphane Bader, ce Conseil a marqué l’entrée sur la scène majoritaire de deux nouveaux élus : Anne Balland-Egelé et Lionel Meyer. Ce dernier est bien connu de notre groupe puisque nous avions fait le lien entre sa présence sur la liste Bauer2020 et l’achat de 10 000 bouteilles de Solution Hydro-Alcoolique fournies à la ville par l’entreprise qu’il dirige.
Cet achat pour un montant de 44 800 €TTC avait été décidé par le maire, sans passer par la Commission d’Appel d’Offres. En cela, le maire n’a pas enfreint la loi, puisque l’article R2122-1 du Code de la Commande Publique autorise l’acheteur à passer un marché public sans publicité ni mise en concurrence en cas d’urgence extérieure. La loi d’urgence n° 2020-290 du 23 mars 2020 pour faire face à l’épidémie de Covid-19, établit la situation d’urgence ; toutefois, elle ne remet nullement en question l’obligation faite aux maires d’informer « sans délai et par tout moyen les conseillers municipaux des décisions prises« , ce que le maire de Sélestat s’est bien abstenu de faire.
C’est ainsi que, en pleine campagne électorale et en pleine épidémie de Covid-19 (1er confinement), le maire a passé une commande de solution Hydroalcoolique pour 44 800 €, achetant ce produit à un prix 4,5 fois supérieur au prix payé par d’autres collectivités. S’il avait participé à la commande groupée de l’association des maires du Bas-Rhin, la ville aurait payé 1€ le 1/2 litre de solution hydroalcoolique (cf décision n° 2020/24 du Président de la CCSélestat), contre 4, 48 € le 1/2 litre acheté au colistier de M. Marcel Bauer… qui rejoint désormais nos rangs au Conseil municipal. Bienvenue à lui !
Un autre participant siégeait pour la première fois au Conseil, il s’agit d’Olivier Kremer, le nouveau directeur des services financiers de la Ville. M. Kremer prend ses fonctions à un moment crucial du cycle budgétaire, juste avant le Débat d’Orientations Budgétaires qui aura lieu le 24 février. Nous lui avons également souhaité la bienvenue.
2 – Actualisation du Plan de financement pour le « Projet Charlemagne » : un aveu accablant
Comme son nom ne l’indique pas, le projet Charlemagne désigne un futur complexe sportif. Ce nom vient de la situation des deux ensembles sportifs concernés par cette réhabilitation impériale et qui occupent des parcelles de part et d’autre du Boulevard Charlemagne (gymnase Koeberlé et ancienne piscine couverte + gymnase de l’INSPE) .
En 2013, un diagnostic territorial mené par la Communauté de Communes de Sélestat a conclu à l’urgence de réhabiliter l’ensemble « gymnase Koeberlé + piscine », afin de répondre aux besoins des scolaires et des clubs sportifs. Une opération si vaste aurait été une bonne occasion pour expérimenter un chantier participatif autour de ce nouvel équipement, situé à un carrefour à la fois urbain et social. Mais l’équipe municipale de Marcel Bauer a préféré mandater un cabinet pour s’occuper de ce projet. Sans même associer des vice-présidents de la ComCom au pilotage du projet, le maire de Sélestat tablait sur un apport automatique de 2, 2 millions d’€ de la Communauté de Communes (= fonds de concours). Cela figure noir sur blanc dans les documents que sont le Contrat Départemental de Développement Territorial et humain et l’Opération de revitalisation du Territoire. Facile quand on cumule les mandats et que c’est la même personne qui signe pour la Ville, pour la COmCom et qui siège au Conseil départemental. Mais désormais, la CEA a remplacé le CD67, Marcel BAUER n’a plus de Vice-Présidence , et surtout, il a perdu la présidence de la ComCom, et toute la gouvernance est mise à plat. Un nouveau projet de territoire voit le jour, fruit du travail de concertation d’une centaine d’élu·e·s, entre janvier et mars 2021. Dans ce nouveau pacte de gouvernance, construit autour de 87 actions prioritaires, le fonds de concours a disparu. Boudant ostensiblement les réunions de travail, le maire et la plupart des adjoints de Sélestat n’ont pas défendu le financement du projet Charlemagne comme il aurait fallu. Aujourd’hui, le maire a le toupet de reprocher aux élu·e·s minoritaires leur manque de solidarité ! S’il était si vital de défendre le fonds de concours, pourquoi la majorité n’a-t-elle pas mobilisé ses forces pour orienter les décisions ? Désormais, l’adjoint aux finances doit adapter le plan de financement de ce projet pharaonique (28 140 000 €TTC), ce qui était l’objet de la délibération.
Nous avons pris position CONTRE cette décision, malgré notre souhait de voir se développer les lieux de pratique sportive pour les scolaires et les associations. Pour ce projet nous avions une autre vision à la fois plus sobre dans ses ambitions et plus démocratique dans sa construction participative. Certes, il y a urgence (démontrée depuis 2013 !), mais entre-temps, les finances de la Ville doivent encaisser le surcoût de la Bibliothèque Humaniste (« initialement arrêté à 9,7 millions d’€, le coût des travaux s’est élevé à 14,35 millions« *) ; deux autres facteurs auraient dû imposer une révision du projet : d’une part la pandémie de Covid-19 et ses conséquences économiques et d’autre part, la prise en compte des enjeux climatiques. Quelle n’a pas été notre surprise quand le premier adjoint Jacques MEYER a révélé que lui-même avait trouvé ce projet « surdimensionné » en 2019 !
Comment peut-il aujourd’hui soutenir un projet qu’il trouvait surdimensionné avant la crise ? Caroline Reys lui a posé la question en séance, mais il n’y a pas répondu, préférant accabler l’adjoint aux finances de l’époque, Jean-Pierre Haas.
*Extrait du rapport de la Chambre régionale des Comptes, p. 3
3 – Renforcement des effectifs de la police municipale
Nous avons toujours plaidé en faveur d’une présence humaine accrue comme meilleure solution pour établir la sérénité dans la Ville. Dans cet objectif, notre programme optait pour la mise en service de « brigades de prévention », proches des habitants et mettant tout l’effort sur le dialogue, la pédagogie et l’exemple. Comme il s’agit aussi de sanctionner les incivilités (dépôts sauvages, nuisances sonores, feux,…) nous avions prévu un contrat d’interventions avec les Brigades Vertes. La municipalité a préféré le choix de renforcer les effectifs de la police municipale. Faisant cela, elle accroît donc la présence humaine dans la ville, ce que nous approuvons d’autant plus que les horaires d’intervention seront étendus la nuit et le week-end. En revanche, nous émettons des réserves quant à l’armement des agents de la Police Municipale. En effet, notre groupe n’a jamais été associé aux discussions concernant ce choix important. Nous n’avons pas pu prendre connaissance des arguments en faveur ou non d’un tel choix, c’est pourquoi nous nous sommes abstenus.
3 – Convention d’objectifs avec le CAKCIS
La présentation de la Convention d’objectifs qui lie le Club de Canoë Kayak avec la Ville a été l’occasion pour nous de rappeler l’importance de ce club pour Sélestat :
- sur le plan sportif, les exploits des compétitrices et des compétiteurs du CAKCIS portent le nom de Sélestat jusque dans les grandes épreuves internationales ;
- sur le plan touristique, le Club déploie une offre inédite en matière de randonnée nautique, (au même titre que les deux autres centres que nous avons la chance d’avoir sur notre territoire) ;
- le CAKCIS est également un partenaire de l’Éducation Nationale, permettant aux élèves de Sélestat de découvrir ces activités de pleine nature.
- Enfin, nous sommes évidemment très sensibles à l’engagement du CAKCIS en matière de préservation de l’environnement.
Le Club est situé non loin des ateliers municipaux, ce qui nous a permis de rappeler à la municipalité en place qu’aucune réhabilitation valable n’a été entreprise depuis l’incendie de 2005…
4 – Vente de la Poudrière
Tous les Sélestadien·ne·s ne connaissent pas l’ancienne poudrière qui se situe boulevard Thiers. Ce bâtiment atypique et historique fait partie du patrimoine de notre Ville et a régulièrement servi de cadre à des œuvres exposées lors des Biennales d’Art Contemporain. La municipalité n’ayant aucun projet de réhabilitation de ce bâtiment, elle a répondu favorablement à une demande d’acquisition par un artiste local. Bertrand Gaudin a déploré le désintérêt de la municipalité pour ce lieu inédit et a rappelé que ce n’est pas la première fois que la Ville est dépossédée d’une partie de son patrimoine historique. Comme nous regrettons cette situation, nous n’avons pas soutenu la majorité dans ce choix.
Faut-il rappeler l’intérêt de la Biennale d’art contemporain ? En confrontant le public à des œuvres, Sélest’art provoque le trouble, le questionnement et l’émotion. C’est ce qui ressort bien de cette « capsule » sonore réalisée en 2013 par Pascal Lazarus (Collectif 6.35), missionné par le service culturel de la Ville. (Réactions du public à l’installation « Garde-meuble » qui illustre cet article)
En fin de conseil, Caroline Reys s’est faite la porte-parole des Sélestadien·ne·s qui constatent la dégradation de l’attractivité de notre ville. Intervention complète et illustrée à découvrir sur une page dédiée.
En ouverture de conseil, nous avons interpellé le maire sur certaines de ses décisions :
1 – L’Université des Grands Vins déserte Sélestat
La décision n° 77/2021 concerne la mise à disposition d’une salle pour l’Université Populaire, à la Cour des Prélats (Hôtel d’Ebersmunster) ; l’occasion pour nous de rappeler une autre mise à disposition pour une autre Université :
Le 20 avril 2015, le Conseil municipal a approuvé la rénovation d’un caveau sous l’Hôtel d’Ebersmunster, pour un montant de 35 000 € HT. Cela devait permettre à l’Université des Grands Vins, fondée par J.Michel Deiss (Bergheim) d’y organiser des sessions de dégustation et de formation pour l’obtention d’un Diplôme Universitaire de « dégustation géosensorielle ». Le loyer prévu était de 250 €/mois charges comprises pendant 9 mois, puis 500 €/mois, pour permettre à la ville de rentrer dans ses frais d’aménagement. Comme cela fait des années que nous n’avons pas entendu parler de ces activités souterraines, et que rien n’apparaît dans la presse locale depuis 3 ans nous avons interrogé le maire à ce sujet. En réponse à la question, Marcel BAUER nous a révélé que l’Université n’avait pas renouvelé son bail, et qu’elle n’avait plus d’activités à Sélestat. En calculant approximativement le montant des loyers encaissés par la Ville pendant 3 ans, on voit que le retour sur investissement n’y est pas… En termes de notoriété pour Sélestat, on ne peut pas non plus parler d’opération réussie, si on en croit les retombées transparentes dans les médias et les réseaux sociaux. Mais le Maire nous a assurés qu’il y a un projet pour ce caveau. À suivre donc…
2-Sélestat, village de Noël
La décision n° 84/2021 portait sur les tarifs de location des maisonnettes du Village de Noël. Notre groupe en a profité pour remercier et féliciter :
- les services de la Ville pour les décorations originales mises en place pour les fêtes de Noël
- les commerçants de Sélestat qui ont joué le jeu de la mise en valeur de la ville
- tous les particuliers qui eux aussi se sont investis pour embellir les façades, les fenêtres et les extérieurs de leur logement.
Nous sommes aussi revenus sur les difficultés rencontrées par l’association des commerçants pour la mise en place des chalets près de la patinoire ( difficultés mentionnées sur les réseaux sociaux). Le Maire a saisi cette remarque pour nous rappeler que les services de la Ville avaient été particulièrement réactifs, intervenant au plus vite alors que l’opération n’était pas programmée en amont. Ce qui nous permet de renouveler nos félicitations aux services techniques de la Ville et nos remerciements à l’association des Vitrines de Sélestat pour l’installation de la patinoire de Noël.