Conseil municipal du 28 janvier 2021

La séance s’est ouverte sur la chute du verre de Sylvia Humbrecht qui a volé en éclat sur la moquette de la salle Ste Barbe… Tout un symbole : malgré son cadre feutré, le Conseil municipal n’est plus à l’abri des cassures, et on a assisté en fin de séance aux tentatives laborieuses de Marcel Bauer de recoller les morceaux de son pouvoir affaibli et de gommer les fêlures qui dégradent considérablement la cohésion interne de la Ville.

Si on excepte le verre cassé de Sylvia Humbrecht, tout avait pourtant commencé normalement….

Bertrand Gaudin a remis en question le surcoût des travaux de rénovation de l’Eglise St- Georges : + 83 940 € HT !, soit une augmentation de 26,36 %. On nous répond que ce surcoût est dû aux contraintes sanitaires sur le chantier et aux dégâts de la tempête Ciara en février 2020. Bertrand Gaudin a observé que ces travaux indispensables sont programmés depuis 20 ans et qu’on n’aurait pas subi ces aléas si la Ville les avait entrepris plus tôt, ce à quoi, Marcel Bauer a répondu : “Croyez-moi, moi aussi j’aurais aimé que ce soit fait il y a 20 ans !” Le maire a sans doute négligé le fait qu’il y a 20 ans, il était déjà aux commandes de Sélestat !

Sylvia Humbrecht est intervenue au sujet des conditions d’accès à la piscine :

  • créneaux trop restreints pour la pratique publique
  • absence d’arbres et d’ombre à l’extérieur
  • tarifs d’entrée trop élevés et discriminants : les touristes qui ont une carte d’hôtes paient moins cher que les Sélestatdien·ne·s !

Sans doute la Ville cherche-t-elle un retour sur investissement suite à la dépense de plus de 800 000 € pour les jeux extérieurs, investissement fait en dépit de toute concertation avec les usagers, ce que nous avions dénoncé lors de la campagne de 2020.

Les premiers points à l’ordre du jour ont été débattus pour justifier nos votes de soutien ou de désapprobation.

Approbation du partenariat conclu avec une éleveuse de moutons pour qu’elle contribue à la lutte contre la renouée du Japon, une plante invasive qu’il est quasi impossible de supprimer ; le pâturage des moutons est une solution qui a donné des résultats ailleurs ; nous soutenons cette démarche et nous invitons la municipalité à développer l’intervention des moutons pour l’entretien des espaces verts ; pour nous la présence de l’animal en ville est un facteur de bien-être pour la population.

Écopâturage dans la ville de ©Dieppe (29000 hab.)

Nous n’avons pas approuvé les deux points suivants, et notamment l’autorisation des dépenses d’investissement, parce que certains d’entre elles concernent le projet gare et le développement du parc de caméras de vidéo surveillance, non prioritaire à nos yeux.

Le dernier point à l’ordre du jour portait sur la convention d’objectifs et de moyens entre le CCAS et la Ville de Sélestat. Caroline REYS, qui a siégé pendant 6 ans au Conseil d’administration du CCAS s’est exprimée au nom du groupe :

Pour commencer, si on considère les 5 axes du projet d’action sociale, tels qu’ils sont listés dans le préambule de cette convention, on peut s’étonner d’y trouver « l’attractivité du centre-ville » ; je ne vois pas en quoi l’attractivité d’un centre-ville correspond à un projet social. Pourquoi ne pas appeler un chat un chat et évoquer clairement la problématique du centre-ville ?

Principale nouveauté de cette convention : la mise en place d’un Observatoire de l’Action Sociale, avec le financement de ressources humaines qui l’accompagne, ce qui est une bonne chose.

Le CCAS a en effet besoin de cette expertise sur la donnée sociale ; ce travail de terrain et de statistique devrait permettre l’établissement d’indicateurs clés pertinents. Les compétences décrites dans l’article 3.4 nous paraissent intéressantes et nécessaires, non seulement pour définir l’animation stratégique et le pilotage de projet, mais surtout, pour l’évaluer.

Le problème de la politique sociale à Sélestat, c’est qu’on n’en saisit pas les avancées.

Entre les deux analyses des besoins sociaux (2013 – 2019), les caractéristiques sociales de la Ville se sont dégradées.  Les études du cabinet COMPAS et les statistiques INSEE se recoupent, et au final, Sélestat affiche un taux de pauvreté de 16,3 %, 3 points au-dessus du taux du Bas-Rhin. Même si j’en ressens la nécessité, je ne reviens pas sur les autres données de ce rapport, qui ont orienté notre campagne électorale de l’an dernier.

À ce titre, j’observe que l’évaluation finale du projet social est prévue pour juin 2026, soit après les échéances électorales. Nous aimerions pouvoir disposer de ces indicateurs utiles dès 2025, afin que les équipes candidates puissent préparer un projet social qui soit opérationnel dès leur arrivée aux affaires.

En l’absence de données chiffrées pertinentes, l’évaluation est en effet ce qui a toujours fait défaut au CCAS. Avec l’Observatoire de l’Action Sociale, on peut espérer mieux, mais nous attendons de voir comment le futur projet social va s’articuler et se construire à partir des données observées.

Nous attendons de voir comment sera évalué par exemple l’impact de la Maison des Aînés et des Aidants, actuellement uniquement accessible au public 3heures par semaine…

Outre l’investissement de 300 000 € pour les travaux , ce projet coûte à la collectivité plus de 30 000 €/an … pour quel bénéfice des usagers ?

–  En quoi apporte-t-on plus de solidarité entre les générations ?

–  En quoi cet agencement de bureaux permet-il de lutter contre l’isolement ?

Voilà le type d’indicateurs qu’il faudrait pour évaluer la politique sociale.

Et puisqu’on parle d’isolement, je veux revenir sur celui des jeunes. La presse  s’est fait l’écho du désespoir qui touche la jeunesse dans la situation de crise que nous traversons.

 Le renforcement des partenariats est clairement désigné comme axe de votre projet social. Or, nous avons la chance d’avoir à Sélestat un partenaire qui apporte des réponses au désarroi professionnel des jeunes, c’est la mission locale.

Vous savez que la mission locale a besoin de s’agrandir, vous savez qu’il existe une opportunité d’extension, mais cela demande un accompagnement financier qu’ils n’ont pas encore. 


Or, quand ils vous ont sollicité, M. le Maire,  vous les avez renvoyés à la ComCom sous prétexte  que la compétence jeunesse est de son ressort. Ce n’est pas comme cela que l’on considère une jeunesse dans le besoin, en tentant de la mettre sous le tapis.

Je vous signale qu’à Sélestat, 31 % des jeunes de plus de 15 ans sont sans diplôme (5 points de plus que dans le Bas-Rhin). Cet indicateur, on l’a depuis plus d’un an ! Alors qu’est-ce qu’on en fait ?

Si cet axe a une signification pour vous, eh bien, montrez-nous comment vous renforcez ce partenariat avec la mission locale ! Cela aura d’autant plus de sens que l’un des trois objectifs de cette convention est « d’inscrire l’usager au cœur de son parcours », or c’est exactement ce que fait la mission locale, en responsabilisant les jeunes et en leur donnant les outils et les références pour trouver leur place dans la société.

Je terminerai par un dernier grief – ou un dernier coup de griffe – à cette convention, celui du périmètre de l’action sociale. Si j’en crois votre 2ème objectif, vous voulez « déterminer  la place du CCAS sur le territoire ».

Pendant 6 ans, en tant qu’administratrice du CCAS et en tant que déléguée communautaire, j’ai milité pour un élargissement de la compétence sociale.

  •          Les agents des différentes collectivités ont œuvré dans ce sens lors de l’élaboration de l’étude COMPAS.
  •           Le Plan Local de l’Habitat prévoit depuis 2016 dans ses fiches actions  la mise en place d’un Centre Intercommunal d’Action Sociale; 5 ans plus tard, cet objectif n’est pas atteint.

Or, en ce moment la Communauté de Communes organise des ateliers pour co-construire la gouvernance du mandat 2021-2026. Quatre réunions ont déjà eu lieu, et dans 3 d’entre elles, il a été question de l’extension du périmètre de l’action sociale. Mais vous qui indiquez vouloir déterminer la place du CCAS sur le territoire, comment vous positionnez-vous ? 

Comment peut-on traiter sérieusement cette question sans participer à la réflexion commune ? 

Votre absence à ces ateliers , Monsieur le Maire, Madame l’Adjointe, est un signal peu encourageant pour la conduite de cet objectif.

Au final, comme l’indique clairement l’objet de la convention, il s’agit d’identifier des orientations politiques. Vous comprendrez bien que nous ne pouvons y souscrire. “

Points divers

À l’occasion des points divers, Bertrand Gaudin est intervenu sur le transit des poids lourds, rappelant que nous portions son interdiction dans les deux campagnes électorales, depuis 2014, pour des raisons évidentes de lutte contre les nuisances et de lutte contre une pollution responsable de 48 000 décès par an en France.

Une fin en eau de boudin

Après cette intervention, l’opposition menée par les anciens collaborateurs de Marcel Bauer a porté sur la place publique le contenu confidentiel du dernier Comité Technique / Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail. Double malaise dans l’assemblée… Comme le verre brisé de Sylvia Humbrecht, le devoir de réserve a volé en éclats et fait apparaître au grand jour le manque de déontologie de l’autre groupe d’opposition, mais aussi la fragilité de l’actuelle municipalité.

Malgré ce déballage compromettant pour le groupe des adjoints, Marcel Bauer a tenu à terminer ce conseil en se lançant dans un règlement de compte totalement saugrenu au sujet du Conseil municipal des enfants.
Pas sûr que son cafouillage laborieux ait généré l’écran de fumée nécessaire à estomper les révélations précédentes qui concernaient la douloureuse fragmentation des services de la Ville.

Author: Caroline REYS

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2 Comments

  1. Merci pour ce CR du CM qui se déroule à huis clos .Mais le huis clos n’empêche pas les éclats de voix de sortir de la salle .Pouvez vous mettre en clair les articles des DNA sur ce dernier conseil ?

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  2. De façon surprenante, des chaises étaient prévues pour le public, ainsi que les documents des délibérations.
    En ce qui concerne le rapport du Conseil selon la presse locale, nous laissons passer un délai raisonnable, le temps que les ventes se fassent, pour ne pas lui porter préjudice.

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