Lors du Conseil municipal du 31 juillet 2020, nous avons débattu des propositions d’indemnités des élu·e·s. J’ai profité de ce point à l’ordre du jour pour interpeller l’assemblée sur l’inégalité de traitement entre les femmes et les hommes. Même si elle n’est pas volontaire, elle découle des choix faits par Marcel Bauer qui a constitué son équipe municipale en confiant les postes rémunérés à des hommes.
Je ne m’attarderai pas sur l’augmentation de 12 % de l’indemnité du Maire, qui va à l’encontre du grand mouvement initié par les jeunes maires écologistes élues en France et en Alsace.
Nous prenons acte de la révision de l’ensemble des indemnités, et des adaptations décidées depuis mon intervention en commission à ce sujet.
Ce qui m’intéresse dans cette délibération c’est de constater les conséquences de ces propositions sur la place des femmes en politique :
dans cette assemblée, le tiers des hommes élus disposent d’un mandat exécutif, contre un huitième pour les femmes. 100 % des hommes du groupe majoritaire ont eu une proposition de poste indemnisé.
Les femmes sont pourtant majoritaires dans cette assemblée , et cela grâce à notre liste. Dans la population aussi, les femmes sont majoritaires, tout comme dans les professions de services, dans les administrations , dans l’éducation, dans les commerces…
Pourtant, même si les femmes sont majoritaires, elles sont ultra-minoritaires lorsqu’il s’agit de prendre des décisions qui concernent tous ces domaines.
Il en va de même pour les indemnités : j’ai fait un calcul « genré » et le résultat est logiquement très défavorable aux femmes élues à Sélestat :
Chaque mois, le budget municipal consacre en moyenne 291,64 € par femme élue alors qu’un montant moyen de 1226 € est consacré aux hommes élus. Et même si on retire l’indemnité du maire dans cette comparaison, les indemnités masculines moyennes sont de 1074 € alors que l’indemnité féminine moyenne n’atteint pas 300 €.
Enfin, si on retire de ce comparatif les indemnités versées aux adjoint(e)s, l’indemnité masculine moyenne est encore de 250 €, soit 3,5 fois plus que l’indemnité moyenne des femmes élues (70 €). «
Pour aller plus loin :
Les indemnités des élu·e·s sont réglementées et dépendent de différents critères. On peut y appliquer des majorations, par exemple si une commune est une « station touristique » ; c’est ce qui a été fait pour Sélestat, afin de « grossir » les indemnités. Or, selon les critères introduits par la loi de développement et de modernisation des services touristiques de 2009, Sélestat n’était plus éligible à ces critères. Ainsi, en 2018, Sélestat s’est conformée à ces nouveaux critères, et nos indemnités ont été réduites, ce que notre groupe avait approuvé lors du vote.
À l’occasion des élections de 2020, alors que nous étions en pleine crise, beaucoup de nouveaux/elles maires ont choisi de réduire les indemnités auxquelles ils/elles pouvaient prétendre. Ce n’est pas le cas de Marcel Bauer qui a décidé de gagner plus. Dans un premier temps, l’augmentation qu’il avait proposée s’accompagnait d’une baisse de 30 % des indemnités des élu·e·s de base ! Quand cela a été discuté en commission, je me suis exprimée sur la malséance d’un tel choix. Les indemnités ont été révisées avant le vote (avec tout de même une augmentation de 12% pour le maire !)
Les graphiques ci-dessous vous présentent l’évolution des indemnités mensuelles des élu·e·s de Sélestat, en euros (indemnités brutes).
Depuis 2017, notre indemnité mensuelle d’élu·e· de base est de 60 € nets.